Voeux de la communauté de communes

Mardi 17 janvier à la salle des Augustins à Pernes les Fontaines

Discours à 3 voix : d'abord Pierre Gabert, puis Lucien Stanzione et puis moi. Ci-dessous, mon intervention

Chers amis, bonsoir,

Je prends le relais pour vous présenter à mon tour tous mes vœux pour cette nouvelle année. Je vous la souhaite heureuse et prospère, avec un moral d’acier et une santé de fer.

Pierre GABERT a évoqué le passé, notre histoire, les grandes étapes de notre construction et nos principales réalisations.

Lucien STANZIONE a parlé du présent, avec les principaux chantiers pour 2012 et les épisodes du feuilleton intercommunal de l’année …

En effet, si aujourd’hui nous sommes toujours ensemble, tous les trois, après ces 10 ans de vie commune, nous savons tous que cela ne durera peut-être pas éternellement. Et la question de notre avenir intercommunal se pose donc de manière aigüe.

Certes, dans l’immédiat, l’arrêté du Préfet, en date du 29 décembre dernier, nous assure le statu quo … pour quelques temps au moins. Lucien vous a expliqué tout à l’heure que nous n’y étions pas pour rien. Ce fut, en effet, un travail de longue haleine, mais au bout du compte nous y sommes parvenus, et notre petite communauté a obtenu de la CDCI et du Préfet ce qu’elle a demandé. Cela nous donne de l’air et va nous permettre de réfléchir sereinement aux différentes options qui se présentent à nous.

La CoVe a freiné le dernier projet de fusion, jusqu’à s’y opposer et le faire capoter. Elle a voulu gagner du temps en exigeant des études préalables. Après tout, pourquoi pas, au point où nous en sommes, allons au fond des choses, pesons le pour et le contre et, à défaut de mariage d’amour, orientons-nous vers un mariage de raison … et quitte à y passer un peu de temps, commençons par analyser toutes les possibilités envisageables, froidement, sans a priori, et avec précision.

Finalement, nous nous disons que ce délai supplémentaire qui nous est accordé, c’est peut-être une chance ; une chance du fait qu’il nous oblige à y regarder à deux fois avant de nous engager.

Nous n’avons pas droit à l’erreur parce que, j’espère que vous en mesurez les enjeux, cette réforme territoriale et ce projet de redécoupage intercommunal, ce n’est pas une mince affaire … Fusionner, intégrer une nouvelle interco, c’est plus qu’un mariage car le divorce est quasiment interdit, c’est, si vous voulez, prendre un billet aller simple sans billet de retour ! Mieux vaut donc bien assurer son choix !

Aujourd’hui, il n’y a pas 36 solutions, il y en a essentiellement 3.

- Première solution : Rester tels que nous sommes, tous les trois. Nous le pourrons encore un an ou deux, jusqu’en 2014 si nous le souhaitons, mais il est vraisemblable que nous ne pourrons pas rester ainsi indéfiniment … encore que, sait-on jamais !

Financièrement, aujourd’hui, nous pouvons fonctionner, nous nous suffisons à nous-mêmes et nous avons les moyens de nous développer encore. Mais à terme, il semble naturel que l’Etat encourage les plus grosses structures, et contraigne les plus petites à se regrouper, ne serait-ce que pour transférer des charges à des structures capables de les assumer.

Rester seuls, c’est prendre le risque d’être un jour pris à la gorge par une inéluctable diminution des ressources.

Inversement, il faut bien comprendre que l’intercommunalité est avant tout un espace de solidarité financière. Il importe donc d’éviter qu’une fusion qui va consacrer, qui va officialiser cette solidarité financière entre ses membres ne devienne un alourdissement de nos charges et/ou une diminution drastique de nos marges de manœuvre.

Nous n’excluons pas que nous puissions rester seuls, mais dans ces conditions il faudrait s’organiser en pôle métropolitain, prévu par la loi, c’est-à-dire en un syndicat mixte de communautés qui mutualise les principales compétences, à savoir celles qui nécessitent, pour être exercées pleinement, un très large périmètre : l’économie, l’emploi, les transports, le logement, l’aménagement de l’espace.

Les compétences macro étant exercées par le pôle métropolitain et les compétences de proximité (voirie, espaces verts, ordures ménagères, social, etc …) exercées par les communautés de commues ou d’agglomération.

Dans cette logique, le pôle métropolitain autour d’Avignon serait l’organisation administrative de l’aire urbaine d’Avignon, au sens de l’INSEE : c’est-à-dire d’un territoire centré sur Avignon, allant du Nord au Sud, d’Orange et même Piolenc jusqu’à Chateaurenard et Graveson, mais aussi Plan d’Orgon et Cavaillon, et d’Est en Ouest, de Carpentras et même Mazan ainsi que l’Isle sur la Sorgue jusqu’à Saze, Rochefort du Gard et Roquemaure.

D’une certaine manière ce pôle métropolitain était ce que l’on appelait autrefois d’un joli nom : le modèle de la marguerite, modèle qui permet d’aborder chaque problème à la bonne échelle où il se pose.

Rester seuls et continuer notre chemin, tel que nous l’avons mené jusque là, dans le respect des identités et des volontés locales, avec un mode de gouvernance et une organisation budgétaire qui ont fait leurs preuve ne serait pas pour nous déplaire.

Si par contre, nous choisissons d’intégrer une structure plus large, la géographie ne nous laisse que 2 possibilités ; en toute logique, on peut dire 3 si l’on pense au bassin de l’Isle sur la Sorgue, mais cette dernière solution paraît un peu tirée par les cheveux.

Disons donc 2 possibilités : o Soit nous nous tournons vers l’est, pour créer un Grand Ventoux, avec Carpentras, la CoVe, les terrasses du Ventoux et le Pays de Sault o Soit nous regardons vers l’ouest, et nous rejoignons le Grand Avignon, …

Les 2 possibilités sont envisageables. Et elles sont toutes les deux légitimes car nous sommes effectivement la charnière entre les deux, et nous pouvons aller tout aussi bien avec l’une qu’avec l’autre, voire rester charnière indépendante.

- Créer un Grand Ventoux, avec Carpentras et la montagne, c’est la solution que nous avions préconisée en premier, et qui aurait même pu se concrétiser sans les atermoiements calculés de la CoVe …

Il faut reconnaître que ctte solution reconstituait le Comtat Venaissin historique, dans une intercommunalité solide, restant à taille humaine avec ses 100 000 habitants, et équilibrée avec une force économique à l’ouest et un arrière pays rural et touristique. Cette solution a les faveurs du Préfet car, bien qu’il n’ignore pas que nous faisons partie de l’aire urbaine d’Avignon avec laquelle nous partageons un SCOT, il considère que nous contribuerions à apporter la richesse que Carpentras seule ne suffira pas à apporter à ce grand territoire couvrant le quart du département.

Les Sorgues du Comtat joueraient le rôle de façade économique … une position certes intéressante et flatteuse, à condition toutefois que notre rôle à l’intérieur de cette intercommunalité ne se réduise pas à celui de simple vache à lait, et à condition notamment que cette grande agglo fasse sienne notre culture du développement !

On n’a pas voulu de nous l’an passé, mais on nous demande d’étudier cette solution … Nous allons l’étudier.

- Troisième solution : Rejoindre le Grand Avignon, avec Sorgues, Orange, et peut-être un jour Chateaurenard. C’est jouer la carte d’un Très Grand Avignon avec une puissance économique et démographique qui, demain, nous permettra de jouercollectivement un rôle sur la scène internationale … c’est l’autre option.

Si nous rejoignons le Grand Avignon, nous savons déjà que les Sorgues du Comtat y tiendront une place importante puisque celle-ci est déjà inscrite dans le SCoT, le Schéma de Cohérence Territoriale du bassin de vie d’Avignon, qui vient d’être voté le 16 décembre dernier, ce document cadre qui engage tout le monde, tous les acteurs-décideurs qui l’ont co-produit, définit les grandes orientations pour les 10 et même 20 prochaines années.

Dans le SCoT, Beaulieu, par exemple, est déjà inscrit comme étant un des 5 pôles d’intérêt métropolitain du Grand Avignon, autrement dit, un des 5 sites les plus stratégiques de l’aire avignonnaise, avec Avignon Centre et tout son patrimoine historique et culturel, Courtine et la gare TGV, Agroparc et son technopole, la zone commerciale d’Avignon Nord. Des sites d’intérêt métropolitain, il n’y en a pas 6 dans le SCOT, il y en a 5, et Beaulieu est un de ceux-là, ce qui pose l’importance qui lui est attaché dans le développement du grand bassin de vie d’Avignon.

Aujourd’hui, aucune de ces 3 hypothèses – rester seuls, le Grand Ventoux, le Grand Avignon – aucune de ces hypothèses n’est à exclure. En 10 ans, le travail que nous avons réalisé nous place dans une situation reconnue et intéressante. Les Sorgues du Comtat occupent une position charnière centrale affirmée. Géographiquement, bien entendu, mais pas seulement : nous sommes souvent, par nos réalisations, une référence en matière de pratique intercommunale, de développement, d’économie, et même de culture …

Et comme nous sommes à la charnière, justement, chacune de ces 2 dernières options est légitime. Chacune a sa propre logique. Le Grand Ventoux, avec son magnifique arrière-pays, c’est peut-être le choix du cœur. Le Grand Avignon, avec sa puissance économique, dans le contexte actuel de crise et de diminution des dotations, c’est peut-être plus le choix de la raison.

Et puisqu’on vient de décliner un mariage d’amour … peut-être que le mariage de raison serait la solution à envisager tout aussi sérieusement … à moins que, tout compte fait, le célibat ne soit possible.

Je ne pense pas que vous attendez de moi que je tranche ce soir. Ni demain, en catimini ou en cachette, dans un bureau secret ... les jeux ne sont pas faits. Ce qui est certain, c’est que ce délai qui nous est accordé par le Préfet est salutaire ; il nous permet de nous poser toutes les questions, et de ne pas nous laisser guider seulement par les sentiments.

Nous souhaitons que ce choix de territoire soit le choix de toute une population. C’est pourquoi nous prendrons notre décision dans le cadre d’une démarche participative et nous allons commencer, dès demain soir, à réfléchir avec la Conseil de Développement.

Le Conseil de Développement, pour ceux qui l’ignoreraient, c’est l’émanation de la large consultation publique qui a précédée la création des Sorgues du Comtat, c’est cette instance consultative et apolitique qui associe les forces vives de nos trois communes à la définition et à la mise en œuvre de la politique économique et sociale de la Communauté de communes.

Cette année, par exemple, le Conseil de Développement a travaillé et apporté son regard sur le Haut débit, la ligne ferroviaire Avignon-Carpentras, l’optimisation de la déchetterie, les économies d’énergie, Beaulieu et la gare des métiers d’art à Pernes … et nous sommes très reconnaissants à ceux qui ont travaillé sur ces sujets.

C’est un exercice parfois un peu frustrant pour eux, car ils remettent un rapport, donnent un avis, font des propositions … et la suite semble leur échapper ! Pour autant, leur travail est étudié à la fois par les élus et par les techniciens … et il s’intègre dans un circuit fonctionnel et décisionnel qui a lui aussi sa propre logique de fonctionnement. Il faut qu’ils sachent que leurs contributions nous sont très utiles, et nous les remercions vivement de cet investissement de leur part.

Nous allons donc demander au Conseil de Développement, et cela dès demain soir, de se saisir de cette question de notre avenir intercommunal, et de réfléchir avec nous à la meilleure manière d’aborder notre avenir partagé.

Cette réflexion, nous la poursuivrons au cours de débats et de réunions publiques. C’est de l’avenir de notre territoire qu’il s’agit, et notamment celui de chacune de nos trois communes.

Au fond, il n’y a qu’un seul enjeu qui vaille, c’est celui de faire un choix gagnant pour nos communes, qu’il s’agisse de finances, d’emploi, de qualité de vie ou de capacité à décider. Nous ne voulons pas que notre avenir s’écrive en termes de régression, mais en termes de progression.

L’avenir – notre avenir – bien évidemment ne dépendra pas seulement de notre organisation intercommunale. La réouverture de la ligne ferroviaire Carpentras – Avignon TGV va être déterminante en termes de structuration de notre bassin de vie, car au-delà des perspectives qu’elle offrira de nous rapprocher de Paris, Lyon ou Marseille, elle nous reliera aussi directement à Avignon, Orange ou Cavaillon ! Cette nouvelle ligne, en dessinant une étoile ferroviaire entre les 4 plus grandes villes, va donner du corps à cette grande aire urbaine dont je parlais tout à l’heure. C’est là que ça va se passer ! C’est là que va se vivre l’essentiel de l’avenir, C’est là que va se concentrer l’emploi, l’habitat, le commerce et les différents échanges.

Car un fait est certain, que nous appartenions, demain, à telle ou telle intercommunalité, nous faisons d’ores et déjà partie du grand bassin de vie d’Avignon, au même titre qu’Orange, Carpentras, L’Isle sur la Sorgue, Cavaillon et Chateaurenard. Et, dès que cette étoile ferroviaire sera en service, c’est-à-dire dès 2014, cette réalité deviendra de plus en plus évidente et structurante !

Aujourd’hui, la réflexion est en marche ; nous allons la poursuivre, de manière structurée et organisée, afin d’en explorer tous les contours et d’en tirer les conséquences pour le mieux-être de nos concitoyens.

Dernier point avant de conclure : je ne veux pas manquer de souligner que nos trois communes sont solidaires : chacune d’elle, isolée, ne pèse rien. A trois, en revanche, on est forts. Rappelons-nous que nous avons construit beaucoup de choses ensemble, dans la confiance mutuelle. Nous avons relevé des défis, nous avons affronté des épreuves ensemble. Et cet avenir qui se profile, nous le dessinerons à trois, en restant solidaires et en faisant face ensemble – toutes les trois – aux échéances à venir.

Et pour cela je suis confiant. Je suis serein, car je sais que nous sommes tous trois, bien entourés, et que nous pouvons compter sur chacune et chacun de vous.

Vous, Elus communautaires, grâce à votre engagement personnel au service de nos concitoyens et de notre communauté.

Vous, employés communautaires, sans lesquels tout ce dont nous avons parlé aurait été irréalisable.

Vous ensuite, Mesdames et Messieurs, les membres du conseil de développement, grâce à votre soutien sans faille et vos éclairages précieux pour notre collectivité.

Vous tous enfin, Mesdames et Messieurs, chers amis, grâce à votre intérêt pour notre communauté … vous, les acteurs socio-économiques de notre territoire, qui êtes les moteurs de notre dynamisme et la vraie richesse de notre territoire.

Oui, je sais que nous pouvons compter sur vous tous, comme vous savez que vous pouvez compter sur nous. Nous sommes tous liés les uns aux autres, sur un territoire porteur, situé en position stratégique, avec des entreprises fortes, des acteurs motivés. Nous avons les atouts pour mettre en œuvre une vraie dynamique locale au service de nos concitoyens. C’est vraiment la conjugaison de tous ces atouts qui fait la force et l’originalité de notre intercommunalité !

A vous tous, chers amis, au nom du Conseil communautaire et en mon nom personnel, je vous présente nos meilleurs vœux pour la nouvelle année, des vœux de santé, de bonheur et de prospérité, des vœux de réussite pour vous-mêmes et pour tous ceux qui vous sont chers.

Que 2012 nous permette de préparer tous ensemble un bel avenir fait d’un meilleur cadre de vie, de meilleures conditions de vie, d’une meilleure qualité de vie. Et puis aussi qu’à travers toutes les difficultés qui nous attendent, 2012 nous ménage aussi quelques bons moments d’amitié et de convivialité ; … et qu’on prenne le temps de profiter un peu de la vie.

Très bonne année à toutes et à tous !

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