Le pouvoir d’achat des collectivités locales

Dans un communiqué de presse publié au soir de la CNE (Conférence nationale des exécutifs), l’APVF (Association des Petites Villes de France) déplore le mauvais coup porté au pouvoir d’achat des collectivités locales :

« Quelle que soit la manière dont on aborde les annonces du Gouvernement, le résultat est le même : ce sont les contribuables locaux qui trinqueront. Ils prendront de plein fouet les conséquences des mesures annoncées par le Premier ministre, soit parce que les collectivités locales seront contraintes d’augmenter leurs impôts pour compenser le désengagement sans précédent de l’Etat, soit parce qu’elles réduiront inéluctablement les services qu’elles leurs apportent, ou les investissements qu’elles assument, ce qui aura des conséquences lourdes sur l’économie quand on sait qu’elles réalisent 70% des investissements publics. »

Conférence nationale des exécutifs : Les collectivités locales soumises à la rigueur

Jeudi 10 juillet, s’est tenue à Matignon la deuxième Conférence nationale des exécutifs. Les mesures annoncées concernant les finances locales ont été diversement appréciées par les élus locaux.

Les dotations de l’Etat aux collectivités locales augmenteront de 1%, soit moins que l’inflation

De 2009 à 2011, l’enveloppe normée des concours de l’Etat aux collectivités augmenterait au rythme de l’inflation, estimée à 2% selon Bercy, la règle du « zéro volume » s’appliquant ainsi aux collectivités. Le message de Matignon est clair : « Les collectivités locales ne peuvent rester à l’écart de la discipline très stricte que l’Etat s’impose à lui-même ».

L’enveloppe normée progressera donc de 1,1 milliards d’euros en 2009, sur un total de 55 milliards (soit les 2% prévus).

Cependant, l’enveloppe normée est élargie à des prélèvements sur recettes qui en étaient jusqu’à présent exclus, dont notamment le Fond de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA). L’intégration du FCTVA dans l’enveloppe normée, d’abord annoncée pour la loi de finances pour 2008, sera donc effective pour la loi de finances pour 2009.

Une fois soustrait le FCTVA, qui augmente de façon dynamique (663 millions d’euros) du fait d’un investissement public local très tonique ces dernières années, reste pour la progression des dotations 447 millions d’euros, soit une hausse d’environ 1% seulement de l’enveloppe normée, donc en deçà de la prévision déjà basse de l’inflation.

La réforme de la fiscalité locale se fera « au fil de l’eau »

A l’issue de la conférence, les représentants des collectivités locales espéraient encore une réforme globale des finances locales, or au cabinet du Premier ministre, on espère que la révision des valeurs locatives, sur lesquelles s’appuient les impôts des ménages (taxe d’habitation, taxe foncière) sera inscrite dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2009. Le Gouvernement semble opter pour une « révision au fil de l’eau » : les bases ménages seront revues à chaque changement de propriétaire.

La réforme de la taxe professionnelle (TP) n’est pas à l’ordre du jour

La réforme de la TP ne sera pas inscrite dans le PLF 2009. « Nous voulons certes supprimer ce qui est perçu comme un handicap, mais ce ne sera pas de façon imposée, précipitée et unilatérale. Des discussions auront lieu à l’automne. Le projet de loi de modernisation de la démocratie locale, prévu au premier semestre 2009, pourrait être un réceptacle à la réforme de la TP », indique le cabinet du Ministre.

Matignon souhaite d’abord faire le bilan de la réforme de 2005, qui sera présentée à l’automne à l’Assemblée nationale. M. Alain MARLEIX a assuré qu’il n’y aurait pas de réforme tant que toutes les simulations n’auraient pas été effectuées, excluant de fait la suppression de la taxe professionnelle en 2009.

Les élus locaux présents ont apprécié que le Premier ministre s’engage à ne pas toucher de façon unilatérale à la taxe professionnelle.

Les réactions des associations d’élus

Philippe LAURENT, Vice-président de l’Association des Maires de France en charge des finances et Vice-président de l’APVF : « Pas facile de ralentir les dépenses, cela se traduira donc par une hausse de la dette et des impôts ».

Jacques PELISSARD, Président de l’Association des Maires de France, insiste sur le fait que les 663 millions du FCTVA inclus dans l’augmentation de crédit de 1,1 milliards d’euros, « ne sont pas une dotation mais un simple remboursement ».

Claudy LEBRETON, Président de l’Assemblée des Départements de France : « A côté de la cure d’amaigrissement qui est entreprise pour l’Etat, on est en train de nous demander à nous les collectivités, une cure d’austérité ».

ARF, ADF et AMF demandent de concert une réforme globale (et pas impôt par impôt) de la fiscalité locale.

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